Billet : Quand les présidents de fédérations sportives bafouent le principe d’apolitisme

Billet : Quand les présidents de fédérations sportives bafouent le principe d’apolitisme

LIBREVILLE, 5 mars 2025 (CLUB SPORT+)-Apolitique par essence, le sport se veut un espace fédérateur où cohabitent diverses sensibilités d’opinion et croyances religieuses. Pourtant, certains présidents de fédérations sportives du Gabon ont récemment brisé ce sacro principe en apportant publiquement leur soutien au général Brice Clotaire Oligui Nguema, candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Une démarche qui suscite des interrogations.

Mélange des genres, opportunisme ou simple réalisme ? Les avis divergent. Une chose est certaine, ce qui s’est passé mardi dernier au Palais des Sports de Libreville est une première dans l’histoire du Gabon. Des présidents de fédérations sportives ont transgressé fièrement le caractère apolitique du sport en déclarant leur soutien au candidat à la Présidentielle Brice Clotaire Oligui Nguema. Si chaque citoyen a le droit d’exprimer ses convictions, engager des fédérations sportives dans une telle démarche solitaire, sans consultation ni consensus avec leurs délégués et adhérents, relève d’un opportunisme flagrant, est-on tenté de dire. Le sport, bien que parfois soutenu financièrement par des figures politiques à titre de mécénat, doit rester neutre vis-à-vis de la politique politicienne.

Cette motion de soutien, lue par Anaclet Mathieu Taty, président de la Fédération gabonaise d’athlétisme, illustre une dérive préoccupante. Ce dernier, qui tentait récemment de renouveler son bureau exécutif sans respecter les préalables des élections provinciales, soulève une fois de plus des doutes sur la capacité de ces dirigeants sportifs à incarner les valeurs d’intégrité et de neutralité attendues dans ce milieu sensible.

Fièrement assis, ils ont sacrifient l’apolitisme du sport sur l’autel des intérêts personnels.

Alors que le sport gabonais traverse une crise profonde avec l’absence de compétitions locales (hormis le football masculin), manque de subventions et d’initiatives créatives, ces présidents fédéraux, au lieu de chercher des solutions, préfèrent s’engager dans des manœuvres politiciennes. Certaines disciplines, comme le cyclisme, le karaté, le handball en souffrent particulièrement de cette léthargie.

Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, déjà largement soutenu par des associations politiques et une majorité de citoyens, n’a vraisemblablement pas besoin de ce type de soutien maladroit. Il serait d’ailleurs opportun qu’il condamne cette initiative, qui va à l’encontre des principes fondamentaux du sport et de l’olympisme.

En agissant ainsi, ces présidents de fédérations sportives sans gêne, ont comme ouvert une boîte de Pandore, avec un précédent qui risque d’accentuer les ingérences de part et d’autre entre le sport et la politique. Est-ce vraiment ce dont le Gabon a besoin ? A chacun d’y répondre.

À propos de l’auteur

Kennedy Ondo Mba

De père journaliste, j'ai été fasciné par ce noble métier au point d'en faire une profession. Diplômé de l'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ESSTIC), j'ai fait le choix de vivre ma passion dans le journalisme sportif; un domaine où je me plais énormément.

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