Willy Conrad ASSEKO ALLOGO : « Je suis candidat pour continuer les réformes engagées »
Libreville, 29 décembre 2024 (CLUB SPORT+)-A quelques jours de l’Assemblée générale élective de la Fédération Gabonaise de Basketball (FEGABAB) prévue pour le 11 janvier 2025, notre rédaction s’est entretenue avec le président sortant, Willy Conrad Asseko Allogo (WCA), candidat à sa propre succession. Cet entretien a été l’occasion de faire le bilan de son mandat à la tête de l’instance faitière du basketball au Gabon. Le natif d’Oyem et ancien international gabonais, s’est également prononcé sur l’organisation de cette élection qui l’opposera à Stéphane Lasme grande figure de la balle orange qu’il dit respecter en raison de sa riche carrière. M. Asseko Allogo. Il apporte aussi des réponses claires sur le processus électoral en cours qui serait biaisé en sa faveur selon une certaine opinion. Porteur du projet « And One », notre interlocuteur a donné les raisons de sa candidature.
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CLUB SPORT+ : Président. Élu en 2020 à la présidence de la Fédération Gabonaise de Basketball, votre mandat de quatre ans est arrivé à échéance. Que retenez-vous de cette expérience ?
Willy Conrad Asseko Allogo : Merci à CLUB SPORT+ pour cette opportunité. Alors, au cours de notre premier mandat, mon équipe et moi avons jeté des bases solides avec le projet « 5 Majeur » qui nous a portés à la tête de la Fédération. Nous avons essayé de remettre le Basketball Gabonais sur les rails en restructurant administrativement la Fédération à travers différentes actions. Nous avons unifié le basketball dans les 9 provinces, notamment en organisant des compétitions nationales statutaires. Nous avons également créé la ligue de basketball de la Nyanga grâce aux efforts collectifs de tous les acteurs. Nous avons construit un cadre de leadership plus solide qui a favorisé la passion pour le basketball dans tous les coins du Gabon. Certes, nous avons fait face à des défis, mais en travaillant ensemble, nous les avons transformés en opportunités pour nos jeunes. Nous leur avons permis de jouer aussi bien sur le territoire national qu’à l’international, et nous avons vu ces jeunes se donner à fond pour le Gabon.
CS+ : En quatre ans de mandat, qu’est-ce que Willy Conrad Asseko a apporté au basketball gabonais, et quels sont les acquis ?
WCA : Comme j’aime à le dire, Willy Conrad Asseko n’est ni la bible ni le coran. À titre personnel, j’ai énormément appris au cours de ces quatre années. J’ai cultivé des rapports avec différents acteurs du domaine du sport, qu’ils soient du milieu de Basketball, du Sport Gabonais, du Ministère ou du secteur privé. Mon équipe et moi avons acquis de l’expérience et j’ai su m’entourer de personnes compétentes. Ensemble, nous planifions et réalisons des actions et nous grandissons. Nous avons révisé les textes en 2022 et la FEGABAB a aujourd’hui des textes qui sont adaptés à nos réalités et qui favorisent le développement du basketball sur l’ensemble du territoire national. Nos compétitions statutaires nationales portent désormais les noms de personnes qui ont fait les beaux jours de notre discipline et nos compétitions se jouent désormais de façon régulière. Nous avons doté la FEGABAB d’un siège social totalement equipé et d’infrastructures numériques dynamiques (site internet, réseaux sociaux etc.). Nous avons su, ces 4 dernières années appuyer certaines ligues provinciales et je reconnais que nous devons faire mieux. Durant notre mandat, nous avons également restructuré notre direction technique nationale, former des arbitres et entraineurs dans les 9 provinces du Gabon mais également réhabilités des infrastructures sportives à Koulamoutou, Port-Gentil, Oyem, Bitam, Mouila et Franceville. Sur le plan international, grâce à nos efforts collectifs, le Gabon occupe désormais le secrétaire General de FIBA Afrique zone 4 avec Madame Rachelle Benzene ; J’ai été également porté à la présidence de la commission développement de FIBA Afrique Zone 4 et à la vice-présidence de la commission développement de FIBA Afrique. Sur le plan sportif, nous avons revisité nos équipes nationales et le Gabon a recommencé à gagner alors que la dernière victoire d’une équipe nationale de basketball du Gabon remontait à 2015. On n’a pas fini et nous devons continuer le travail.
CS+ : Avant votre arrivée à la tête de la Fédération, le basketball féminin était en baisse. Aujourd’hui, les choses ont-elles évolué dans ce domaine ?
WCA : En ce qui concerne le basketball féminin, le programme reste vaste. Nous avons revisité notre équipe féminine et avons mis l’accent sur l’organisation de compétitions nationales statutaires féminines aussi bien chez les jeunes que chez les Seniors. Il vous souviendra, par exemple, qu’à la dernière coupe du Gabon, il y avait aussi bien des équipes masculines que féminines. Alors que la dernière participation d’un club féminin Gabonais en coupe d’Afrique des Clubs Champions remontait à plus de 10 ans, Le Gabon a été représenté à l’international en coupe d’Afrique des clubs champions 2024 par le Club NABA. En outre, nous faisons le nécessaire pour soutenir les clubs s’intéressant au basketball féminin à travers la distribution d’équipements adaptés, notamment des ballons de taille 6. Il nous revient à nous, Fédération, mais également à tous les acteurs de se donner les moyens, car le programme est vaste.
CS+ : En 2020, votre projet était intitulé « 5 Majeur ». Quel bilan dressez-vous de ce projet qui vous a porté à la tête de la FEGABAB ?
WCA : Les bilans des différentes activités que nous menons sont validés en assemblée générale et ont l’assentiment des administrateurs du basketball. Je dirais donc qu’il est positif. Je tiens à remercier encore une fois tous les acteurs du basketball qui nous font confiance ainsi que le Ministère des Sports avec lequel nous entretenons de bonnes relations. Ce n’est pas facile, mais lorsqu’on est passionné par le basketball et qu’on aime son pays, on est impatient et on pense que les choses vont se faire du jour au lendemain. Mais non, le sport c’est un travail dans la durée et c’est la compétition qui prépare la compétition. Le sport a des règles et nous devons travailler davantage pour faire en sorte que les choses se développent. C’est ce message que nous portons dans le cadre des différentes actions que nous menons et nous devons continuer.
CS+ : Willy Conard Asseko est candidat à sa propre succession. Quelles en sont les raisons ?
WCA : « Mon équipe et moi sommes à nouveau candidats pour continuer les réformes que nous avons déjà engagées. Je vous disais tantôt que j’ai su m’entourer de personnes compétentes ces quatre dernières années et les quatre prochaines années seront pleines de potentiels. Notre vision est celle de l’innovation, de l’inclusivité et de l’excellence. Nous restons convaincus qu’au terme des quatre prochaines années, le Gabon dévoilera les fruits d’une croissance capable de le placer au sommet des nations africaines. Nous mettrons en avant le basket vert-jaune-bleu.
CS+ : Peut-on avoir quelques détails de votre projet « And One » ?
WCA : Dans le jargon du basketball, l’« And One » c’est l’opportunité donnée à un joueur d’obtenir un panier supplémentaire après une action donnée. Après les quatre années passées, nous sollicitons donc un deuxième mandat auprès des délégués à travers le projet « And One ». Ce projet est une déclinaison du plan national du basketball gabonais et repose sur trois piliers : former, développer, lancer. Ces trois actions sont définies à travers cinq Axes : les infrastructures, la formation, le renforcement du jeu, le trois contre trois, et pour finir, le suivi médical et la lutte contre le dopage dans le milieu du basketball.
CS+ : Depuis l’annonce de l’élection fédérale, plusieurs ligues (Estuaire, Haut-Ogooué et Ogooué-Maritime) estiment être victimes de décisions arbitraires venant de votre bureau. Pour ce qui est de la ligue de l’Estuaire, elle a vu son collège électoral passer de 6 à 3 membres. La ligue de l’Ogooué-Maritime dit être exclue de l’assemblée élective. Et celle du Haut-Ogooué dénonce une imposition des clubs qui devront l’accompagner à l’élection du 11 janvier 2025. Pouvez-vous nous en dire davantage, président ?
WCA : Alors, le bureau fédéral n’a pas pour objectif d’écarter qui que ce soit, bien au contraire. Nous avons fait un travail administratif qui encadre justement le processus électoral. Les textes de la Fédération sont connus notamment les statuts, le règlement intérieur et le règlement sportif que nous avons d’ailleurs transmis à votre rédaction. Il suffit que les acteurs qui se plaignent, les lisent. Je tiens par ailleurs à préciser que les ligues dont vous parlez ont, pour certaines, participé au comité directeur de la Fédération gabonaise de basketball qui s’est tenu le 20 décembre 2024. Pour les autres, elles ont participé et ont été représentées à l’assemblée générale ordinaire du 21 décembre 2024. (NDLR : Le PV de l’AG du 21 décembre 2024 et la liste de présence ont été transmis à la rédaction de CLUB SPORT+). Lors de ces différents événements, les aspects liés au quorum de l’assemblée générale extraordinaire, donc de l’assemblée générale élective du 11 janvier 2025, ont tous été abordés. Il n’y a eu aucune discussion à ce sujet. Toutes les personnes dont vous parlez, qui s’agitent sur les réseaux sociaux, étaient représentées au plus haut niveau et avaient l’opportunité de donner un avis sur le collège électoral, ce qui n’a pas été fait. S’agiter sur les réseaux sociaux ou en utilisant certains bureaucrates clairement identifiés ne changera pas nos textes qui sont clairs et qui doivent tout simplement etre appliqués.
CS+ : À l’issue de l’Assemblée générale ordinaire de samedi 21 décembre 2024, qui a d’ailleurs vu l’adoption de vos rapports (moral et financier), certaines ligues et délégués vous accusent d’avoir favorisé la multiplication des associations au point que celles-ci sont désormais plus représentatives dans le collège électoral, contrairement aux clubs qui sont au cœur de l’activité. Quelle est votre réaction ?
WCA : Je suis toujours surpris par l’attitude de ceux qui s’autoproclament plus représentatif que d’autres. Je préfère leur laisser le soin de mesurer leur impact et ceux des autres dans le milieu du basketball. En revanche, je sais que les conditions d’éligibilité d’une ligue, d’une association provinciale et d’une association à caractère national sont définies dans les textes règlementaires de la FEGABAB.
CS+ : Lors de l’annonce de votre candidature, vous étiez entouré de cinq présidents de ligues en activité qui vous ont accordé leur soutien. Une sortie diversement appréciée que notre rédaction a fustigée. Un commentaire ?
WCA : Je tiens tout d’abord à remercier les présidents des ligues qui étaient à mes côtés lors de la déclaration de ma candidature. Je tiens aussi à les encourager par rapport à toutes les actions qu’ils mènent dans leurs provinces respectives. Ils ont souhaité confirmer leur appui au projet « And One » et souhaitent que nous continuions ensemble les réformes que nous avons engagées. Ensuite je souhaiterai rappeler qu’ils n’ont violé aucun texte. Ils font partie du collège électoral, ils ne sont donc pas neutres. C’est aussi le cas d’autres présidents qui soutiennent le concurrent et cela ne me pose aucun problème. A l’issue de l’élection, Il reviendra au président élu de rassembler tout le monde et de fédérer toutes les intelligences pour le bien de notre discipline. Si je suis élu, je m’engage à le faire comme je l’ai d’ailleurs fait en 2020. Il vous souviendra par exemple que mon équipe n’avait pas eu le soutien de la ligue de basketball de l’Ogooué-Maritime mais une fois Élu, nous avons fédéré les intelligences. Et, avec l’appui de différents acteurs, nous avons organisé différentes activités à Port-Gentil (Formation d ‘entraineurs et d’arbitres, FIBA national Youth camp avec l’appui de FIBA et NBA AFRIQUE, Coupe du Gabon 2023 etc.)
CS+ : L’élection est fixée au 11 janvier 2025. Willy Asseko peut-il rassurer l’opinion que toutes les conditions de transparence sont réunies pour une issue apaisée ?
WCA : Je confirme et je réaffirme que toutes les conditions de transparence sont réunies. Lors de la dernière assemblée générale ordinaire qui s’est tenue devant la presse et tous les délégués, nous avons débattu du collège électoral et des textes qui régissent l’organisation d’une assemblée générale ordinaire et d’une assemblée extraordinaire. Les statuts de la Fédération sont visibles sur www.fegabab.org, tout le monde peut y avoir accès. Tout est transparent de notre côté, le collège électoral a été transmis aux deux candidats.
C’est à chacun désormais de faire le travail. Pour ma part, je suis présent au Gabon auprès des jeunes. Je mène des activités de terrain en faisant jouer les jeunes en cette période de fêtes, afin qu’ils soient sur les terrains de basketball et qu’ils ne s’exposent pas à des activités à risques.
J’admire la carrière qu’il a eu
Willy Conard Asseko Allogo
CS+ : Quels sont vos rapports avec Stéphane Lasme, votre concurrent au poste ?
WCA : Nous nous connaissons depuis plus de 20 ans déjà. Nos rapports sont cordiaux et de respectueux. Nous avons des rapports de respect mutuel. J’admire la carrière qu’il a eue en tant que joueur. Aujourd’hui, je suis à la tête de la Fédération, nous voulons tous les deux ce poste de président fédéral.
CS+ : En cas de défaite le 11 janvier, ce que nous ne vous souhaitons pas, Willy Asseko sera-t-il prêt à mettre son expérience au service du nouveau bureau ?
WCA : Absolument ! Il vous souviendra même que lors de la table ronde qu’il avait organisée, j’avais invité Stéphane Lasme devant tous les acteurs du basketball à se rendre au siège de la Fédération de basketball afin que je lui remette tous les textes de la Fédération Gabonaise de basketball pour qu’il s’en imprègne. La transition de joueur à dirigeant n’est pas chose facile. C’est une transition que j’ai connue il y a plus de 15 ans déjà. Il faut avoir une maîtrise des textes, comprendre les codes, savoir s’entourer et comprendre l’esprit de ceux qui ont rédigés les textes. Je n’aurai aucun souci à lui apporter ma modeste expérience. Et il le sait.
CS+ : Candidat à votre propre succession, dites-nous pourquoi les délégués doivent à nouveau vous faire confiance ?
WCA : Parce que nous n’avons pas fini le travail, il y a encore beaucoup à faire. Le basketball est un moteur de cohésion et d’espoir pour la jeunesse gabonaise. Avec le projet « And One » que nous proposons, nous poursuivrons une action collective qui rassemble, valorise et propulse le Gabon sur la scène africaine et internationale. Ce n’est pas un simple projet, c’est une mission pour l’avenir.
CS+ : Votre mot de fin !
WCA : J’appelle tous les acteurs du basketball à s’unir autour du projet « And One », un projet ambitieux pour faire du Gabon une référence du basketball.
Entretien réalisé par Ghislain MBOUMBA