Sylvestre Engohang Obiang : « Ceux qui pensent que l’argent de la FIFA c’est la communion des chrétiens, ils se trompent, ils n’ont qu’aller dans les couvents »
Libreville, 02 janvier 2024 (CLUB SPORT +)-Le responsable des finances de la Fédération gabonais de football nous a ouvert sa porte la semaine dernière. Objectif, avoir plus d’informations sur le Programme FIFA Forward dont les chiffres ont été publiés le 22 décembre 2023 par la FIFA. Peu bavard, Sylvestre Engohang Obiang, qui est également responsable du Programme de développement FIFA Forward, s’est prêté à nos questions. En réponse à ceux qui estiment que l’argent de la FIFA est mal géré, M. Engohang Obiang fait savoir entre autres, que « la FIFA ne fait pas de mandats à ses membres ou sur la base d’une simple expression de besoin d’une association ». En pour prouver que la Fégafoot est une institution crédible aux yeux de la FIFA, notre interlocuteur présente une lettre de félicitations de l’instance mondiale. Lecture …
CLUB SPORT+ : Vous faites partie des hommes de l’ombre de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot), en raison de votre poste de responsabilité. Qui êtes-vous ?
« Je m’appelle Sylvestre Engohang Obiang, je suis le Manager Financier de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) et responsable du Programme de développement Forward de la FIFA ».
CLUB SPORT+ : Le 22 décembre 2023, la FIFA a rendu public le rapport financier 2016-2022 de son programme intitulé FIFA Forward. La Fégafoot qui fait partie des 211 associations membres de l’instance faîtière, a bénéficié de la bagatelle somme de 11, 4 M USD (6.629.810.220 francs CFA) soit 96,8 % des fonds approuvés. Un commentaire ?
« À l’arrivée du président Gianni Infantino à la tête de la FIFA en février 2016, il a instauré un système révolutionnaire de financement des Associations membres de la FIFA. Ce qu’il faut retenir et qui est très déterminant, c’est que la FIFA ne fait pas de mandat à ses membres ou sur la base d’une simple expression de besoin d’une association. Pour mémoire, « la Fégafoot, était sous restriction jusqu’en juin 2018 », il a fallu un travail de fond pour qu’elle sorte de là.
Retenez bien que tout décaissement de fonds réussi par une association membre à la Fifa est sur la base d’un projet bien élaboré. Le projet doit passer par plusieurs filtres à savoir :
- Le Bureau sous régional (UNIFFAC) basé à Brazzaville,
- Le Bureau régional de Dakar, qui couvre l’Afrique de l’Ouest et du centre
- Le Bureau de développement de Paris pour approbation finale,
- Si le projet est égal ou supérieur à 300 000 USD, il est envoyé au Bureau de Zurich pour approbation finale.
Par contre, ce que vous appelez la bagatelle somme 11.4 M USD, c’est le résultat d’un travail mérité, du Comité exécutif (Comex), dans son ensemble. Chaque année, avec la gouvernance financière de la FIFA de Zurich, nous faisons ce qu’on appelle dans notre jargon « Circularisassion », c’est une opération qui consiste à confirmer les renseignements (rapprocher les soldes) de la période et d’analyser les écarts s’ils en existent. C’est pour dire que les sommes que vous exposées ne sont pas étrangères pour moi. Le taux des décaissements de 96.7 % des fonds, nous on le sait depuis janvier 2023 après l’opération de circularisation. Dans le fonds, la FIFA à travers ces publications démontre son niveau de transparence et surtout les performances de chaque Association membre tel le cas du Gabon.
Permettez-moi de vous rappeler qu’il existe plusieurs Associations membres qui sont sous restriction, quand la Fégafoot est presque à 100% des décaissements, autrement dit la Fégafoot est très performante donc une bonne élève de la Fifa ».
CLUB SPORT+ : Comment ces fonds ont été utilisés ? Pour Quels projets et quels besoins ?
« C’est une question que vous avez la réponse ainsi que l’opinion en générale, à partir du moment où le rapport est accessible à tout le monde.
Ce que je peux ajouter pour votre gouverne c’est que, la Fégafoot, est pratiquement la seule fédération qui est inféodée (immixtion) par plusieurs entités dans la gestion du football, ce qui est différents des autres pays. Dans les autres pays, le football est géré totalement par la Fédération, nous le constatons dans nos différents séminaires.
Vous me posez la question comment les fonds ont été gérés ? Sans être exhaustif, la Fégafoot, prend en charge toutes les équipes nationales à commencer par les Panthères A, habillement, la prise en charge médicale des joueurs…
Les autres catégories garçons et filles, la Fégafoot, en plus de l’habillement et la prise en charge médicale, le transport international, national, les regroupements nationaux et à l’extérieurs, les primes et divers aux bénéfices de ces différentes équipes sont indues à la charge de la Fégafoot.
La Fégafoot, subventionne les ligues provinciales de football à hauteur de 90 000 000 de Fcfa par an. Elle prend en charge les salaires de leurs Secrétaires généraux et Directeurs techniques provinciaux (DTP), ainsi que les émoluments des présidents.
Ce n’est pas tout. Nous prenons également en charge, les loyers des ligues, l’organisation du Championnat national la D3.
Comme vous le savez, nous organisons chaque année, les phases finales des U15, U17 et féminine. Le tout à la charge de la Fédération jusqu’aux officiels des matchs et leurs indemnités »
Pouvez-vous nous dire d’avantages sur les infrastructures financées par la FIFA ?
« Peut-ont faire du football sans infrastructures ? Sans réfléchir la réponse est non. L’équipe (Comex) actuelle avait trouvé le Centre Technique de Bikélé avec deux (2) Bâtiments inachevés, sur le programme Goal de la FIFA. Actuellement ce Centre est classé en 2ème catégorie par les instances de la FIFA, au regard de sa modernisation et de la qualité des infrastructures qui y existent. Je confirme au passage que dans ce centre, nous avons obtenu l’accord de financement : d’un amphithéâtre, des gradins, vestiaires et d’un autre bâtiment pour augmenter la capacité d’accueil…
De plus, il faut savoir que la Fédération gabonais de football, a un programme de construction des sièges des ligues provinciales. Quatre de ces sièges sont achevés. Le matériel et le mobilier de ces sièges sera livré dans les prochaines semaines.
Aussi, grâce, au dynamisme de son Comex, un accord de financement de deux autres sièges (Haut-Ogooué et l’Ogooué-Lolo) a été aussi obtenu. Les appels d’offres vont être lancés très prochainement. »
Monsieur le manager, comment la FIFA procède-t-elle aux financements des projets ? Et quels sont les mécanismes mise en place pour veiller à l’exécution de ces derniers (projets) ?
« La FIFA et la Fégéfoot, à chaque début de cycle de financement, signent un contrat d’objectif. C’est sur la base de ce contrat que les projets s’exécutent. Les projets sont d’abord validés par le Comex, ensuite ils sont approuvés suivant les filtres évoqués ci-dessus, la FIFA signe (SOA) le contrat avec la Fégafoot, indiquant les modalités (tranches) de paiements et les conditions des versements.
Entre la Fégafoot et le prestataire, un contrat similaire est aussi signé ceci pour optimiser la sécurité et garantir la qualité des prestations.
Avant le versement de la tranche suivante, le prestataire dresse un rapport d’avancement des travaux lequel est ‘’contrexpertisé’’ par notre architect conseil et notre expert maison, après une visite de chantiers. S’ils tombent d’accord, il me revient de faire un montage financier pour solliciter le décaissement des fonds attendus.
Dans le contrat, il est toujours gardé une retenue de garantie (10%) pour d’éventuelle malformation avant la réception définitive des travaux ».
Et comment se fait les choix des entreprises adjudicataires et leurs payements ?
Très bonne question. La FIFA impose dans le règlement du programme de développement forward, plusieurs conditions. En effet, pour les marchés jusqu’à 50 000 USD, il faut au moins trois cotations :
- Pour les marchés de 300 000 USD, on procède à un appel d’offre ouvert.
- Pour la Fégafoot le Comex recommande les appels d’offres pratiquement à tous les niveaux.
Il est à noter que tous les documents y relatifs, appuyé du rapport de dépouillements des offres et d’attribution du marché, sont transmis dans le dossier de soumission de projet à la FIFA.
Un mot en guise de conclusion ?
« D’abord, je demande à ceux qui ont besoin d’information sur le financement de la FIFA, ma porte leur est ouverte. La FIFA mis en place des outils de bonnes gouvernances financières assez contraignantes, mais nécessaires, qu’elle recommande à ses associations membres d’implémenter et de suivre rigoureusement. Nous avons trois contrôles (audits) chaque année :
La première sur la gouvernance financière de la Fifa, la deuxième sur L’audit externe de la Fifa. La FIFA envoie chaque année un cabinet d’audit international. Ces cabinets sont changés tous les ans. La dernière, sur l’audit national. La FIFA paie, un Cabinet d’audit local qui lui aussi procède aux mêmes vérifications ».
Au regard de ce qui précède, c’est pour vous dire que ceux qui pensent que l’argent de la FIFA c’est la communion des chrétiens, ils se trompent, ils n’ont qu’aller dans les couvents.