NECROLOGIE : Jacques Nguea, L’ailier gauche stoppe définitivement sa course 

NECROLOGIE : Jacques Nguea, L’ailier gauche stoppe définitivement sa course 

Yaoundé, 04 juin 2022 (Club Sport +) – L’ancien Lion indomptable des années 80 est décédé des suites de maladie, dans la journée du 31 mai dernier à Yaoundé. 

Le geste défensif du président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot ), Samuel Eto’o n’aura pas suffit à Jacques Nguea, ancien Lion indomptable pour remporter son duel face à la mort. Dans son élan de solidarité habituel, Samuel Eto’o, averti de la souffrance de cet ancien footballeur abandonné à lui-même dans son domicile, a rapidement déployé une délégation de l’instance faîtière du football local afin de conduire ce dernier au centre des urgences de Yaoundé. Hélas ! C’était un peu trop tard. La maladie a finalement eu raison de Jacques Nguea au moment où l’on préparait son évacuation sanitaire telle recommandée par son médecin. Âgé de 67 ans, l’homme quitte définitivement la scène des suites d’une hépatite C avec atteinte du foie. Footballeur talentueux, sociable, jovial et surtout discret, Jacques Nguea « s’en va comme il a vécu, sans avoir dérangé personne », confie Michel Kaham, son ancien coéquipier en sélection nationale.

Carrière 

Né en 1955, Jacques Nguea Enongue dit « Echassier » pour sa pointe de vitesse commence à jouer comme tous les jeunes de son époque dans l’équipe de son village Loum, département du Moungo, région du Littoral, sur la route Douala-Nkongsamba. Très talentueux, il est constamment sollicité dans la ville de Douala pour prendre part à plusieurs championnats de vacances réputés, à l’instar de celui organisé au collège Sacré cœur-Yoro. Très tôt, « l’enfant terrible Mbo’o » obtient sa première licence en tant que football avec Ouragan de Loum. Club avec lequel il jouera juste une seule saison en première division ; puisque l’année d’après, l’ailier gauche, aussi capable de jouer sur le côté droit est sollicité par trois clubs emblématiques du Cameroun. Il s’agit : du Canon de Yaoundé, sous l’influence de Emmanuel Mve’e, le Caïman football club de Douala, sous l’influence du président Dissake et le Tonnerre kalara club de Yaoundé, sous la motivation de Nlend Paul. L’ancien capitaine des Lions indomptables du Cameroun, Emmanuel Mve’e réussi à convaincre « l’ailier de débordement de métier », qui rejoint ce qui finalement deviendra son club de cœur : le Kpa Kum (le Canon sportif de Yaoundé).

Au cours de sa carrière, Jacques Nguea Enongue a également fait les beaux jours de la sélection nationale. Lors de quelques matches disputés avec l’équipe nationale juniors (U20), la précision de ses « centres bananes », sa puissance et son volume de jeu frappent à l’œil de l’entraîneur yougoslave, Vladimir Beara qui le convoque chez les Lions indomptables. Une marque de confiance qui permet à celui qui avait pour idole le feu Jean Baptiste Ndoga, lui aussi ancien Lion indomptable d’entrer dans l’histoire des ailiers les plus élégants et décisifs du football camerounais. De 1977 à 1988, Jacques Nguea aussi connu sous l’appellation « Eya’a » ne manquera aucun regroupement des Lions indomptables du Cameroun. Il est également convoqué à l’équipe nationale militaire.

Palmarès 

En choisissant le football, « l’homme ouragan » ne c’était pas trompé de chemin car il sera cinq fois champion du Cameroun avec le Canon de Yaoundé (1974, 1977, 1979, 1980 et 1982), six fois vainqueur de la Coupe du Cameroun avec cette même formation (1973, 1975, 1976, 1978, 1979 et 1983). Sur le plan international, Jacques Nguea compte deux League des Champions de la Confédération africaine de football (CAF) remportées toujours avec les Mekok Megonda, en 1978 et en 1980, respectivement contre le Hafia de Conakry et l’As Bilima du Zaïre. Avec le même club, il décroche en 1979 la Coupe d’Afrique des Clubs vainqueurs de coupes face au Gor Mahia football club du Kenya.

Avec le Vert Rouge Jaune, Jacques Nguea participe à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de 1982 en Lybie. La même année, il figure parmi les Lions qui défendent les couleurs nationales, en Espagne, lors de la toute première apparition du Cameroun à une phase finale de Coupe du Monde. Il est aussi de la campagne victorieuse de la CAN de 1984 en Côte d’Ivoire (premier trophée continental du pays, ndlr).

« L’homme aux centres bananes 24/24 », « Eya’a » ou encore « Echassier », comme l’appelaient les connaisseurs du football par sa capacité de débordement tel un ouragan et ses centres millimétrés laisse dernière lui que de merveilleux souvenirs, à l’instar de ce petit sourire au bout des lèvres qui ne le quittait jamais quand bien même il faisait face à des difficultés. « C’est un homme qui essayait de trouver lui-même les solutions aux problèmes qui étaient les siens, sans embêter personne », affirme Michel Kaham.

Pour sa part, « le malheur du Cameroun, c’est d’avoir connu tardivement la télévision. Les jeunes de moins de 40 ans ne savent pas ce qu’ils ont raté avant 1985. Certains joueurs comme Nguéa faisaient des choses qu’on ne voit plus de nos jours. La fameuse roulette de Zidane était un geste très banal chez cet ancien joueur de  l’Ouragan de Loum, qui aimait bien jouer sur la ligne. Avec sa vitesse, il était un véritable poison pour les défenses. Manga Onguéné a marqué ses plus beaux buts avec les centres variés: pied gauche, pied droit, intérieur, extérieur du pied de cet ailier. Jean Monny me disait un jour que quand Nguéa centrait, avant même que le ballon ne lui parvienne et qu’il marque, il avait déjà crié “merci A Mongo” tellement ses centres  étaient purs et  limpides. Un joueur  comme celui- là,  arrivé au Canon en 1974, plafonnait déjà en 1982. Il avait  tout gagné en Afrique. En Espagne, le système défensif de Jean Vincent l’a contraint à jouer pratiquement comme latéral. Après 1982, Nguéa n’était plus assez motivé comme beaucoup de joueurs de sa génération pour qui,  la coupe du monde était une consécration, une cerise sur la gâteau », témoigne Simon Pierre Ndongo Minsoko, historien du football.

Categories: FECAFAOOT, Football

À propos de l’auteur

Écrire un commentaire

Your e-mail address will not be published.
Required fields are marked*